«Je viens de trouver à l’École votre Leibniz. Je vous en remercie beaucoup et le lirai, j’en suis sûr, avec l’intérêt et le profit avec lesquels j’ai lu votre Diderot». Dans la seconde lettre, il lui demande de faire le compte-rendu pour la revue Critique «d’un livre, très curieux, de Ch. Leo Strauss (dont vous connaissez, sans doute, les travaux sur Hobbes et Spinoza), intitulé Persecution and Writing [Persecution and the Art of Writing] […]».

On joint : Paul Desjardin (1859-1940), professeur, normalien, il anima pendant 30 ans les Décades de Pontigny. Lettre autographe signée adressée à Alexandre Koyré. 4 pp. in-8. 4 juin 1929. En-tête de l’Abbaye de Pontigny. Belle lettre après la lecture de son livre sur Jacob Boehme. Il évoque son activité intense à Pontigny et espère faire venir Heidegger à la prochaine décade. «Boehme apparaît comme un métaphysicien du concret, essentiellement, différent des visionnaires avec lesquels son dévot Frankenberg le confond. Ce qui m’a frappé, chemin faisant, occupé que je le suis du sujet de notre troisième décade, c’est que nos plus modernes physiciens, lorsqu’ils poussent à bout leurs conceptions, rejoignent Boehme, et même les alchimistes et même les astrologues. Ceux-ci, rapproché du Dr Jaworski par exemple, paraissent des intuitifs qui anticipent, non de simples songe-creux […]. Je vois, cher monsieur et ami, que ladite décade vous occupe déjà. Soyez remercié de la liste de six personnes auxquelles vous prescrivez à notre secrétaire d’envoyer des programmes, à commencer par Heidegger. Croyez-vous vraiment qu’il pourrait venir ? La rencontre de ce métaphysicien avec des physiciens anglais tels que Whitehead ou Eddington serait grosse de révélations […]».